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Les monuments dans les Guerres
Le monument aux Morts dans l’église de Bais
Selon le récit du recteur de l'époque. Juillet 1920. Le monument pour les soldats morts pour la France est décidé, une quête fut réalisée dans la paroisse pour élever un monument en l'église pour honorer les soldats morts en défendant notre beau pays de France.
Ce monument, auquel ont voulu contribuer tous les paroissiens de Bais, fut terminé pour la Toussaint. Il sera l’oeuvre de M. Mellet, architecte, et de M. Brunet, entrepreneur, qui ont dressé les plans et commencé les travaux, non pas à Bais, mais à Rennes où vous pourriez déjà contempler un beau fantassin et un gentil matelot grandeur nature, mais surtout dans une carrière des Côtes du Nord, où sont préparées une à une les pierres qui serviront à faire un véritable arc de triomphe pour les morts. Car, sachez-le, nos deux murs de la tour seront percés à l’intérieur et nous aurons une église plus régulière, plus belle, et un monument aux morts pas banal.
Le 7 avril 1921 restera un jour mémorable dans l’histoire de la paroisse de Bais.
Tout d’abord notre église était en ce jour décorée d’une façon ravissante. Pendant trois jours, M. l’abbé Pouchard, aidé des abbés Gallier et Mouézy et de plusieurs autres personnes avait mis tous ses soins pour l’orner avec le meilleur goût et il avait parfaitement réussi. A peine aurait-on pu la reconnaître. M’aidant de mes souvenirs, je vais essayer de vous donner une faible idée de la richesse de ces décorations.
Au haut du coeur, une couronne de lauriers avec cette inscription : Aux soldats. Plus bas, neuf drapeaux tricolores ornaient le fond même du choeur. En avant deux grands candélabres avec chacun 17 bougies, et entourés de beaux cinéraires, rouges, et deux autres candélabres de moindre dimension.
Auprès de la statue de Saint Pierre, une nouvelle couronne avec l’inscription : Chemin des Dames ; auprès de la statue de Saint Paul : Roclincourt. Dans le choeur même, un beau catafalque recouvert d’une magnifique draperie de soie, et entouré de nombreuses couronnes rappelant les Eparges, les Hurlus, etc. Sur le mur lui-même, d’autres couronnes citant les Dardanelles, à droite, et Verdun, à gauche. Autour du catafalque, des cierges et des bougies à profusion ; à chaque coin des candélabres. De grandes banderoles blanches et noires, larges de 80 centimètres, partaient du fond du choeur pour remonter à la voûte, puis redescendaient jusqu’au bas de l’église en faisant une courbe harmonieuse en vis-à-vis la tour. Les lustres étaient allumés. Entre chacun d’eux ainsi que dans le choeur, des couronnes de lauriers étaient placées dans le même alignement et à la même hauteur, comme descendant de la voûte.
Au grand pilier, près de la balustrade, du coté de la place, des couronnes de lauriers, du côté de la place, des couronnes de lauriers rappelant Auberive, la Somme. Plus bas se trouvait à chaque pilier une nouvelle couronne citant de nouveaux champs de bataille, la Champagne, Prosnes, Pilkem, et auprès de la grande porte, l’Yser.
Du côté nord, on trouvait au grand pilier, de nouvelles couronnes avec les inscriptions suivantes : Aisne, la Harazée. A la chaire il y avait, deux drapeaux tricolores, entourés de branches de lauriers, avec l’inscription : la Malmaison.
La Tour était décorée de façon toute spéciale : La statue de Jeanne D’Arc, haute de 1 m 50, placée au-dessus de la tribune des sonneurs, était entourée de beaux drapeaux. L’un, celui de l’Union Nationale des Combattants de Bais, et l’autre celui des fusiliers-marins. Au-dessous, deux nouvelles couronnes étaient réunies par une guirlande de lauriers et portaient à droite l’inscription : la Marne ; à gauche : Verdun.
Au monument même des morts, se trouvait de petits candélabres, et une belle couronne offerte par le Conseil municipal à la mémoire de nos vaillants soldats qui doivent revenir du front. Et dont l’un, il faut l’espérer, sera placé un jour dans le caveau creusé à ce dessein. Au-dessous de la tour, une nouvelle couronne avec l’inscription : Souville, et d’autres le long des murs de l’église, Somme, c’étaient tous les endroits où sont tombés nos vaillants qui se trouvaient rappelés.
Enfin à l’extérieur, on voyait des drapeaux tricolores, et celui de la Jeunesse Catholique, à laquelle appartenaient plusieurs de nos chers soldats, et trois nouvelles couronnes indiquant le Morthomme, la Marne, Arras.
Pour être complet, disons que nos faisceaux d’étendards des grandissimes fêtes, qui font un si bel effet étaient placés, tant dans le coeur, qu’à chacun des piliers. Dans les divers coins de l’église, apparaissaient des lauriers, encore des lauriers. Nos braves en ont tant conquis, comme le disait M. l’abbé Pouchard, que le bourg et ses environs, à plus d’un kilomètre, s’en sont dépouillés pour 15 ans afin de les honorer de façon digne d’eux.
La cérémonie elle-même fut de toute beauté. Le clergé nombreux était présent. Monsieur le Curé-Doyen de la Guerche présidait, entouré de M. le Curé de bais et ses vicaires, de M. l’abbé Pouchard, aumônier de la marine, de Messieurs les Recteurs de Louvigné de Bais, Cornillé, Domalain, Vergéal, Torcé, Marcillé Robert, Moulins, M. l’abbé Lemoine, M. l’abbé Allain, M. l’abbé Gresset, Messieurs les abbés Gallier, Mouézy et Leclair.
Au début de la cérémonie, Monsieur le Recteur de Vergéal, accompagné par M. l’abbé Lemoine, chanta de toute son âme, avec sa splendide voix, le chant de Victor Hugo, ceux qui sont morts pour la Patrie, etc. Ce chant était divisé en plusieurs parties, trois couplets avec un refrain chanté par un choeur nombreux où dominait la belle et forte voix de Monsieur le Recteur de Moulins.
Après ce beau début, eut lieu la lecture des 107 noms de nos jeunes gens morts ou disparus pendant la grande guerre. Puis le cortège se mit en marche, la croix entourée de deux de nos choristes, et d’une délégation de nos petits garçons et petites filles des écoles, une trentaine environ. Ils portaient des branches de lauriers et des fleurs, suivait le clergé, puis une délégation, de l’Union Nationale des Combattants, puis la Municipalité présidée par M. le Maire accompagné de son adjoint, et les Conseillers paroissiaux. M. le Doyen de la Guerche, du milieu de la nef, bénit la statue de Jeanne d’Arc et le monument, puis le cortège revint au choeur en passant sous l’arc de triomphe érigé à la mémoire de nos morts glorieux.
La messe fut célébrée par M. l’abbé Pouchard, ayant à ses côtés M. l’abbé Allain comme diacre, et M. l’abbé Leclair comme sous-diacre. Monsieur le Recteur de Vergéal faisait sa partie, et le choeur lui répondait. Les chants furent parfaits. A l’évangile, M. le Curé monta en chaire, pour remercier tous ceux qui avaient un titre à sa reconnaissance. Ainsi les paroissiens qui avaient donné si généreusement pour leurs soldats défunts. La municipalité qui avait encouragé ses projets et voté la jolie somme de 5000 francs. M. Mellet, qui avait conçu le plan du monument, et l’avait si bien réalisé, en accord avec M. Couäsnon et M. Brunet. Il n’oublia que lui-même. Il nous fit, d’autre part, comprendre le symbolisme de la fête en nous parlant de Sainte Jeanne d’Arc, protectrice encore de nos jours de la France, et surtout, et avec beaucoup de coeur, de nos chers soldats morts pour la belle cause de la Patrie. Il eut un mot pour tous, pour leurs parents désolés, leurs épouses, leurs frères, leurs soeurs, nos orphelins malheureusement trop nombreux. Tous l’écoutèrent avec attendrissement. Les témoins purent dire qu’il avait dit tout ce qu’il fallait dire et comme il fallait le dire.
Après la consécration, M. le Recteur de Vergéal fit entendre à nouveau sa belle voix pour rendre un très beau Pie Jésus afin de prier le bon Dieu de donner à tous nos chers morts, le repos éternel. Après la messe et avant l’absoute, M. l’abbé Pouchard, tint à dire quelques mots sortis du coeur, prononcés à haute et intelligible voix, afin de crier adieu à tous nos glorieux soldats de Bais. Il cita en particulier quelques champs de bataille trop célèbres où sont morts les nôtres, spécialement ceux qui tombèrent les premiers. Il fut écouté avec la plus tendre attention. C’est Monsieur le Doyen de la Guerche qui donna l’absoute en l’honneur de nos défunts. Enfin la cérémonie se termina par le chant redit à nouveau et si impressionnant de Victor Hugo : Ceux qui sont morts pour la Patrie. Pendant que les anciens soldats et les enfants défilaient sous l’arc de triomphe. Ainsi finit cette touchante cérémonie dont les nombreux témoins conserveront le meilleur souvenir.
Statue de Sainte Jeanne d’Arc et Fête de l’édification du monument en l’Honneur des soldats morts pour la Patrie
L’icône miraculeuse de Notre-Dame du Perpétuel Secours
Notre-Dame du Perpétuel Secours est une icône miraculeuse (Imago Beatae Mariae Virginis miraculis illustris) datant du XIVème siècle, universellement connue, de type byzantin dite Strastnaya («aux instruments de la Passion»). D’origine crétoise d’après la légende, parfois attribuée à saint Luc (comme la réplique d’un original), son type iconographique fut attribué à Andréas Ritzos vers 1492.
La Vierge est entourée des archanges Michel (lettres ΑΟΜ) et Gabriel (lettres ΑΟΓ). Les cinq lettres grecques au-dessus d’elle « MR, THU », signifient « Mère de Dieu » et les lettres « ICXC » Jésus-Christ.
L’article de l’abbé Grasset est assez bref car il n’avait pû suivre tous les jours de cette mission qui s’est déroulée du 25 février au 4 mars 1917. Elle fût animée par deux prédicateurs rédemptoristes. Je cite ce qui me parait intéressant de dire en reprenant l’abbé Grasset : « Malheureusement un grand nombre de paroissiens de Bais n’ont pû profiter directement des bienfaits de cette mission . Il y a tant des nôtres qui sont à la guerre. Comme ils auraient été contents d’être là. Pendant la mission ils n’ont pas été oubliés, et chaque jour des billets écrits par les mamans, les épouses, les soeurs ont été déposés en très grand nombre dans un tronc organisé à cet effet. La Vierge en honneur c’est Notre-Dame du Perpétuel Secours et son culte va reprendre avec un éclat encore plus beau, et bientôt notre église sera ornée d’une véritable oeuvre d’art, qui rappellera pour toujours aux paroissiens de Bais cette mission de guerre en 1917 ».
Monument Communal aux Morts pour la Patrie
Janvier 1922
Notre municipalité, qui déjà avait voulu contribuer à un monument splendide érigé à l’église pour nos braves soldats, a voulu de plus en élever un sur la place publique. Elle en avait confié l’exécution à M. Mellet Henri et Couësnon Charles, architectes à Rennes, auteurs de l’arc de triomphe de l’église.Le monument a été élevé au cours de ce mois par M. Geffray, entrepreneur à Vitré, qui a fait lestement et bien les choses. Comme celui de l’église, le nouveau monument, de magnifique granit breton, est superbe et vraiment original.
Il a la forme d’un phare. Sur une large base se dresse un solide fût de colonne couronné d’un entablement supportant quatre croix enlacées. Les quatre croix représentent assez bien la partie du phare qui contient toujours la lanterne. Sur la colonne, les noms sont gravés profondément, comme ils doivent l’être dans le souvenir de tous. Placé juste à l’endroit où les routes de la Guerche et de Louvigné se rencontrent à l’angle droit, sur la grande place du bourg, notre monument frappe le regard de quiconque arrive chez nous. Ce monument fait honneur à la municipalité et à la commune qui l’ont voulu, ainsi que aussi les artistes qui l’ont conçu.Le devoir de tout français passant sur la place sera de saluer ce monument, pour témoigner un peu de l’immense reconnaissance que nous devons à tous nos grands morts.
Gloire à nos sauveurs !!...
Bénédiction du Monument Communal aux Morts pour la Patrie
« Dans le bulletin Paroissial de mars 1922, j’avais dit un mot du très beau monument élevé sur la grande place, par la commune, à nos 107 glorieux morts pour la France. J’y reviens aujourd’hui pour raconter comment il fut béni, dans une cérémonie qui devait être superbe, mais que le mauvais temps contraria considérablement.
Dans le principe, le monument devait être bénit comme clôture de notre Mission, mais une suite de circonstances imprévues, ne permit pas qu’il fut terminé pour ce moment. Alors la bénédiction en fut remise à la clôture des Quarante Heures. Tout avait été préparé pour faire une manifestation splendide de pitié envers nos chers sauveurs. La célèbre cantate* « Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie «, avait été préparée par la psallette*, avec le concours des belles voix de MM. les recteurs de Vergéal et de Moulins, M. l’abbé Pouchard, officiers de la Légion d’Honneur, aumônier du navire école, des officiers, La Jehanne d’Arc, avait bien voulu accepter de prendre la parole au pied du monument, dont M. le Maire devait faire la remise à la commune. Enfin, toute la paroisse était là pour remercier Dieu des grâces des Quarante Heures*, mais aussi pour rendre un hommage solennel à nos héros.
Hélas ! Juste au moment où le cortège s’organisait pour aller se masser au pied du monument, une pluie serrée et froide se mit à tomber. La cantate* ne peut être chantée. M. le Maire dû faire son discours de présentation sous les parapluies. M. l’abbé Pouchard renonça à prendre la parole sous un tel déluge, mais enfin M. le Curé de la Guerche, spécialement délégué par Mgr l’Archevêque pu faire la bénédiction du monument. La foule, malgré tout, resta jusqu’à la fin, pieuse et recueillie, répondant aux prières liturgiques et à celles qu’y fit faire M. le Curé. « On peut bien rester un peu sous les gouttes de pluie pour nos camarades, me dit un ancien soldat, eux sont bien restés sous les balles pour nous ». J’ai cru faire plaisir à tous en demandant à M. le Maire son discours, que très peu purent entendre, pour le mettre dans le bulletin. Le voici tel qu’il fut prononcé : « J’ai le très grand honneur, au nom du conseil municipal, de vous remettre le monument élevé à la gloire des enfants de Bais, morts pour la défense de notre belle et si douce Patrie, la France !
« Déjà, lors d’une souscription particulière, ouverte, il y a environ deux ans, pour glorifier nos héros en tant que catholiques, le conseil municipal fut heureux de contribuer largement à cet arc de triomphe qui a le double avantage d’embellir notre église et d’être une œuvre d’art exquise. Mais il a voulu faire plus. Connaissant la grandeur du sacrifice de nos chers morts, et le droit qu’ils ont d’être glorifiés par tous, croyants et incroyants, il a voulu qu’un monument tout à la fois solide et artistique fût élevé par la commune sur la place publique, à la place d’honneur, au cœur du bourg.
C’est ce monument que je vous présente ; il est l’hommage de tous les habitants de Bais à leurs fils immortels. Placé bien en vue, il invite les passants à lire et à saluer les noms glorieux de ceux à qui ils doivent le plus précieux des biens, la Liberté !
Notre monument a la forme d’un flambeau, il a pour flamme quatre croix soudés ensemble, et cela convient bien, parce que c’est en mourant sur la croix de leurs tranchées que nos braves nous ont conservé la lumière de l’honneur et de la foi, et leurs splendides vers sont comme une lumière éclatante, qui doit nous guider dans les devoirs si pénibles de chaque jour, et surtout lorsque viennent les grandes tempêtes de la vie. Il a aussi la forme d’une tour, et il représente bien ainsi nos rudes poilus, qui, comme autant de tours d’airain, nous ont fait un rempart de leurs solides poitrines.Tous les noms profondément gravés dans le pur granit breton de cette robuste colonne, rappelleront aux générations, la gloire des familles qui fournirent nos sauveteurs et les noms illustres de ces héros. Ils diront aux enfants comment il faut aimer le pays, et jusqu’où il faut savoir aller pour se défendre.Enfin, les noms mêlés sans distinction, rappellent que c’est par l’union de tous que nos braves ont vaincu l’ennemi, et que si nous voulons vaincre les difficultés de l’avenir, bâtir une paix solide, éloigner à jamais l’épouvantable cauchemar de la guerre, faire notre patrie riche, grande et prospère. Il faut que nous fassions nôtre la devise des anciens poilus : Tous unis comme au front.
Je salue tous nos braves en votre nom, et répète « Gloire immortelle à eux tous, qu’ils vivent à jamais dans notre cœur, et dans le souvenir des générations futures. Héros en tant que catholiques, le conseil municipal fut heureux de contribuer largement à cet arc de triomphe qui a le double avantage d’embellir notre église et d’être une œuvre d’art exquise.
« Mais il a voulu faire plus. Connaissant la grandeur du sacrifice de nos chers morts, et le droit qu’ils ont d’être glorifiés par tous, croyants et incroyants, il a voulu qu’un monument tout à la fois solide et artistique fût élevé par la commune sur la place publique, à la place d’honneur, au cœur du bourg. « C’est ce monument que je vous présente ; il est l’hommage de tous les habitants de Bais à leurs fils immortels.
« Placé bien en vue, il invite les passants à lire et à saluer les noms glorieux de ceux à qui ils doivent le plus précieux des biens, la Liberté !
« Notre monument a la forme d’un flambeau, et il a pour flamme quatre croix soudés ensemble, et cela convient bien, parce que c’est en mourant sur la croix de leurs tranchées que nos braves nous ont conservé la lumière de l’honneur et de la foi, et leurs splendides verts sont comme une lumière éclatante, qui doit nous guider dans les devoirs si pénibles de chaque jour, et surtout lorsque viennent les grandes tempêtes de la vie. « Il a aussi la forme d’une tour, et il représente bien ainsi nos rudes poilus, qui, comme autant de tours d’airain, nous ont fait un rempart de leurs solides poitrines.
« Tous les noms profondément gravés dans le pur granit breton de cette robuste colonne, rappelleront aux générations, la gloire des familles qui fournirent nos sauveteurs et les noms illustres de ces héros. Ils diront aux enfants comment il faut aimer le pays, et jusqu’où il faut savoir aller pour se défense. « Enfin, les noms mêlés sans distinction, rappellent que c’est par l’union de tous que nos braves ont vaincu l’ennemi, et que si nous voulons vaincre les difficultés de l’avenir, bâtir une paix solide, éloigner à jamais l’épouvantable cauchemar de la guerre, faire notre patrie riche, grande et prospère, il faut que nous fassions nôtre la devise des anciens poilus :
« Tous unis comme au front ».
« Je salue tous nos braves en votre nom, et répète
« Gloire immortelle à eux tous, qu’ils vivent à jamais dans notre cœur, et dans le souvenir des générations futures ».
Abbé Maurice Grasset
Cimetière de Bais - Carré des soldats - 1914-1918
Le retour d’Alfred Gendron
« Jusqu’ici, Bais n’avait plus recevoir le corps d’aucun de ses enfants mort aux champs d’honneurs. L’un d’eux, Alfred Gendron, nous est enfin revenu.
Parti dès les premiers jours de la guerre avec trois de ses frères, il combattit à Charleroi, puis à Guise, où il fut très gravement blessé par des éclats d’obus. Relevé sur le champ de bataille, il fut transporté à l’hôpital de Charleroi où il mourut le 5 octobre 1914.
Depuis lors sa pauvre mère, plus cruellement éprouvée encore dans la suite par la perte de ces deux autres de ses fils, décidait le retour au pays de ce fils excellent, de ce fier chrétien, de ce splendide soldat. Toutes les demandes furent faites et enfin le quatrième de ses fils, un blessé aussi de la guerre, pu assister, le 18 octobre 1921, à l’exhumation de son aîné ! Le jour de la Toussaint, M. le Curé annonça l’arrivée du cercueil du brave Alfred Gendron, à notre gare, pour le 2 novembre au soir. C’est là qu’il donna rendez-vous au bourg et aux environs pour manifester la reconnaissance de la paroisse à ceux qui furent nos sauveurs, puis il invita la foule à venir au service du petit soldat, le 3 novembre, à 10h30.
Le train devait arriver le soir, à 7 heures. Vers 6 heures trois quarts, le clergé, croix en tête, suivi des anciens combattants précédés de leur drapeau, se rendit, dans la nuit, à la gare. Dans un silence religieux, la foule massée attendait.
Ce silence, cette belle tenue de la foule impressionnait profondément. Un coup de sifflet !...C’est le tram qui arrive, lui aussi, presque sans bruit. Un échange de mots à voix basse, et le wagon où repose le cher mort est ouvert, pendant que tout le monde, haletant, regarde. M. le Maire va reconnaître le cercueil. Un signe et les anciens combattants descendent le précieux fardeau.
M. le Curé s’avance ; tous les fronts se découvrent, et les belles prières de la levée du corps, dans le silence de la nuit, s’élèvent au dessus de la foule qui, toute entière, répond en s’unissant au prêtre !
Les prières dites, le cortège s’organise : en tête la croix, puis le clergé, le cercueil recouvert du drap mortuaire et encadré, par une pensée délicate, des enfants du bourg, portant des gerbes de fleurs. Au passage du convoi à travers le bourg, le glas pleure dans la nuit et rappelle à toute la paroisse le devoir qui s’impose à elle, de faire le lendemain de magnifiques funérailles à ce premier de nos braves défenseurs. Le 3 novembre fut un triomphe pour l’humble représentant de tous nos glorieux morts.
A 10h20, le Clergé, le conseil municipal, les anciens combattants, les enfants avec leurs gerbes de fleurs, toute la paroisse, virent prendre à la maison de famille, où il avait reposé, bercé par la prière incessante de ses compatriotes, le corps de l’humble héros. A travers les rangs serrés et pieux de la foule recueillie, le cortège pénètre à l’église en grand deuil mais ruisselante de lumières. Le service auquel assiste notre ancien vicaire, M. l’abbé Grasset, est chanté par M. le Curé. La recommandation, toute simple, comme il convenait, est faite par notre nouveau vicaire, un ancien soldat, blessé de guerre, l’abbé Poupart. Puis, c’est le défilé au cimetière, le splendide cortège des hommes, la gracieuse couronne d’enfants faisant fête à leur aîné…, l’arrivée au terrain offert par la municipalité aux braves de retour du front…, les dernières prières.
Enfin, sur la tombe entrouverte, deux beaux discours, que la petitesse de notre cher bulletin m’empêche de pouvoir publier, permettent à M le maire et au vice président des anciens combattants de dire l’adieu pieux et fraternel à notre cher Alfred Gendron.
Et le soir, quand je suis venu faire une visite intime à celui qui fut mon ami, notre organiste dévoué, et le vice président charmant de notre petit cercle Saint-Marse, je fus profondément ému de voir que sa tombe, encadrée de gros obus, disparaissait sous une jonchée de fleurs magnifique ! « Il avait été à la peine ; il était bien juste qu’il fût à la gloire ».
Abbé François Brassier.
Le 30 janvier 1922, au soir, est arrivé en gare de Bais, le corps de notre deuxième soldat du front, M. Joseph Prod’homme, adjudant au 70ème Régiment d’Infanterie, mort pour la France, à Roclincourt, le 9 mars 1915.
Le 20 avril 1922, un de nos braves poilus, tué à la Grande Guerre, est rentré au pays. Comme pour ses camarades Gendron et Prod’homme, l’église et la commune ont voulu faire les choses grandement.
Ce brave, Louis Mahé, soldat au 124ème Régiment d’Infanterie, mort au champ d’honneur, au Mont-sans-Nom, le 26 septembre 1914, fut reçu à la gare avec tous les honneurs. Le clergé fit la levée du corps. Puis le cercueil porté par des amis dévoués, jusqu’à la voiture qui devait le conduire au Coudrais. Ensuite vint les enfants avec leurs fleurs, puis le drapeau des Anciens Combattants suivi de la foule.
Nous avons reçu au cours du mois la dépouille des deux dernier soldats qui doivent nous revenir du front ; Jean Marie Gallier, du 24ème d’Infanterie Coloniale, qui nous arrivait de Nistch, jusque fond de la Serbie et Louis Georgeault, du 47ème d’Infanterie, qui nous venait du front français. Le premier, arrivé le 19 juin, fut enterré le 21 ; le second, arrivé le 6 juillet, fut enterré le 7.
Cet ovale en marbre était accroché dans l’ancienne mairie route de la Guerche. Lors du déménagement de mairie ce tableau d’honneur fut relégué au sous sol de la nouvelle mairie. Ce tableau était composé de 19 portraits en médaillon. Portraits qui furent collés au ciment blanc à l’origine, une photo manque, perdue. Tous ces portraits étaient décollés par les années passées au sous-sol de la nouvelle mairie.
Nous ne connaissons pas l’année de fabrication de ce tableau, sans doute vers 1920/1921. Malheureusement il n’existe aucun document nous donnant les noms des 19 récipiendaires.
Nous avons les noms des 22 titulaires de la médaille militaire. Certains portraits sont identifiés grâce au dépouillement des registres matricules de chaque soldat.
Pour chaque soldat, les dates de séjour depuis son incorporation et cela jusqu’à sa mobilisation et pendant la durée de la guerre sa présence dans le ou les différents régiments étaient notées.
Il se trouve parfois impossible de placer un nom sur un portrait, car nous n’avons pas de numéro d’identification du régiment de noté sur sa veste ou bien un numéro de régiment est commun à un ou plusieurs soldats. Un artiste a sans doute voulut immortaliser à jamais ses 19 héros de Bais, en dessinant sur les photos leur médaille militaire et la croix de guerre.
Voici les noms des 10 portraits identifiés sur 18
(5) Besnier Victor
(6) Pierre Bourniche
(7) Beaulieu Casimir
(8) Bodard Isidore
(9) Colombel Pierre
(11) Gallier François
(13) Letué Jules
(14) Planchais Léon Joseph
(15) Bachelot Pierre
(17) Reuzé Jean
La Guerre 1939-1945
Soldat BIGNON Jules René Joseph. Affecté au 270 ème Régiment d’Infanterie. Le 27 mai 1940, il est blessé mortellement à la tête par des éclats d’une bombe à la ferme de Béné Clueys, territoire de Lissewege (Brugge) West-Vlaanderen (Belgique), à l’âge de 28 ans. Inhumé au cimetière de Zeebruge, tombe n°247, puis exhumé et inhumé au cimetière militaire Français de Clastre (province de Brabant Wallon).
Soldat GASTEL François Pierre Léon. Affecté au 41ème Régiment d’Infanterie. Tué à l’ennemi le 5 juin 1940 à Soyécourt (Somme), à l’âge de 27 ans.Inhumé au cimetière de Soyécourt, tombe n°8, puis rapatrié en janvier 1949, dans le caveau familial, cimetière communal de Bais.
Brigadier Chef RAUFFLET Joseph Charles. Affecté à la 60ème Division d’Infanterie, 260ème Section de Munitions Auto. Blessé à l’ennemi, le corps fut transporté à l’ambulance 68, installée près du pont situé sur le canal de Dunkerque à Furbes, sur le territoire de la commune de Rosendaël. Joseph Charles Raufflet est décédé dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1940 sur le territoire de Rosendaël (Nord),
à l’âge de 35 ans. Corps rapatrié en juillet 1948. Sépulture : Caveau familial, cimetière communal de Bais. Rapatrié en juillet 1948.
Soldat LEFEUVRE Louis Jean-Marie. Affecté au 10ème Régiment d’Artillerie Divisionnaire. Tué par un éclat d’obus le 7 juin 1940 à Caix (Somme), à l’âge de 27 ans. Sépulture : Caveau familial, cimetière de Bais, corps rapatrié en janvier 1949.
Soldat HENRY Auguste Pierre-Marie. Affecté au 78ème Régiment d’Infanterie. Décédé au cours des combats des neuf et dix juin 1940 à Angivillers (Oise), à l’âge de 30 ans. Déclaré disparu, victime d’évènements de guerre au 1er juillet 1946 dans la Somme. Corps retrouvé et exhumé le 18 novembre 1952. Sépulture : Nécropole nationale de Cambronne-lès-Ribécourt. Tombe 773. Déclaré mort pour la France en jugement de rectification le 16 avril 1955.
Soldat LAURENT Pierre-Marie Joseph. Affecté au 115ème Régiment d’Infanterie, 9ème Compagnie. Décédé le 17 juin 1940, des suites de blessures de guerre à Saint-Seine l’Abbaye au lieu dit “Croix de Bligny”, à l’âge de 27 ans. Sépulture : Nécropole nationale de Rougemont, Tombe n°1152. (Doubs).
Soldat POTTIER Marcel. Affecté au 154ème Régiment d’Infanterie de Forteress. Tué à l’ennemi le 21 juin 1940 à Abreschwiller (Moselle), à l’âge de 24 ans. Sépulture : Cimetière Militaire de Sarrebourg (Moselle).
Cimetière communal de Bais en janvier en 1949.
La plaque commémorative de l’ Abbé Jules Pouchard
La guerre D’Indochine 1946-1954
La plaque commémorative à la mémoire de Roger Bédier
Octobre 2011 démontage du monument aux Morts
Octobre 2011 démontage du monument aux Morts
Novembre 2011 le monument est remonté devant le centre culturel
L’imposant monument aux morts érigé à la mémoire des Poilus de la Grande Guerre, un vaisseau de pierre en granit, dont la forme représente un phare. Ce dernier fut placé en janvier 1922 juste à l’endroit où les routes de la Guerche et de Louvigné de Bais se rencontrent à l’angle droit, sur la grande place du bourg.
Suite au réaménagement de l’espace urbain du centre bourg, le déménagement du monument a eu lieu le 17 octobre, avec la dépose de la première pierre, la couronne. Le travail de démontage et remontage était confié à l’entreprise de maçonnerie Lebret. Une à une les pierres un puzzle de 19 pièces ont pris leur place sur le socle en béton devant le centre culturel du Vieux Porche.
Le 6 novembre dernier, pour la cérémonie du 11 novembre, le monument était définitivement en place. Durant les prochains mois le monument subit un grand travail de nettoyage. La remise en état des plaques en marbre et la peinture des noms se verront refaire une peinture. Dix nouveaux noms oubliés furent gravés dans la pierre. Il fallut attendre mai 2012 pour son inauguration officielle.
Le déplacement du monument aux morts a donné lieu à des recherches qui nous ont permis de rectifier certaines erreurs et oublis. La période a aussi été propice pour une réflexion plus en détails sur les origines, le parcours civil et militaire de nos aînés, tombés sur les champs de bataille, principalement pendant la grande guerre de 1914-1918.
La guerre terminée, il faut penser à rendre hommage aux valeureux soldats de Bais morts loin de chez eux. Un premier monument dans l’église va être financé par les paroissiens en 1920, puis en 1922 apparaîtra le monument communal, officiel celui de la Patrie.
Le monument actuel comporte 114 noms, dix noms furent oubliés, ils sont tous enregistrés dans le registre des transcriptions des décès à la mairie de Bais. Des noms sont gravés par erreur sur le monument, soit parce que la personne est décédé de maladie non reconnue en service ou soit parce que le nom est inconnu. La liste officielle comporte 103 noms. Après la guerre un décret autorisait que les soldats « Morts pour la France » pouvaient avoir leur nom inscrit sur plusieurs monuments. Celui de leur commune de naissance, celui de leur commune de résidence, celui de leur commune de travail celui de la commune de résidence des parents ou conjoints. Un grand travail de fond fut réalisé pendant quelques années, aux archives départementales avec les registres matricules de chaque soldat.
Novembre 2022, un dernier nom fut rajouté sur le monument suite à l'écriture du dernier ouvrage sur la Grande Guerre. HARDY Louis Étienne, né le 03/08/1883 à Bais. Marié le 9 août 1909 avec Verdun Jeanne à Champigny Sur Marne (Val-de-Marne). Son nom se trouve dans Livre d’Or du ministère des pensions à Rannée - Mention mort pour la France. Sur sa fiche matricule, il porte la mention : Jugement de transcription en son domicile de Rannée, sauf qu’il n’était pas domicilié à Rannée. Il y a sans doute eu confusion entre trois frères Hardy, MPLF, dans cette commune. Trois soldats tués à la Grande Guerre, n’ayant aucun lien de parenté avec Hardy Louis, les frères Hardy de Rannée, n’étaient même pas natifs de la dite commune, n’y même du département. (Loire Atlantique). Pas de trace dans le registre des transcriptions des décès de la commune de Rannée, rien à Bais. Bel et bien oublié, il semble avoir été un fils unique, engagé à 19 ans dans la marine, marié dans un autre département, jamais rentré à Bais.
Ce dernier homme oublié et ayant la mention « Mention mort pour la France », doit avoir son nom de gravé sur le monument aux morts de Bais, sa commune natale. Il va ainsi rejoindre la liste de ceux dont les noms furent oubliés lors des premières recherches et ainsi rajoutés sur le monument.